Dans ses préconisations pour cet hiver, RTE suggère de couper les bornes de recharge pour véhicules électriques sur certains créneaux. Cette mesure de dernier recours fait réagir le secteur des opérateurs de charge, qui propose des solutions alternatives.
Alors que la France s’apprête à vivre un hiver inédit sur le plan énergétique en raison des interrogations sur l’approvisionnement en gaz et l’arrêt d’une partie du parc nucléaire, RTE, filiale d’EDF chargée de la gestion du réseau électrique français, expose ses préconisations* pour maintenir la bonne fourniture en électricité des Français. La probabilité de coupures de courant n’est en effet pas nulle, même si le gestionnaire se veut rassurant et écarte le risque de black out (perte de contrôle du système électrique). Parmi la dizaine de recommandations, la coupure des bornes de recharge pour véhicules électriques est envisagée de 8 h 00 à 13 h 00 et de 18 h 00 à 20 h 00. Des plages horaires correspondant aux périodes de forte demande et que RTE recommande de réserver aux seules recharges d’urgence afin de limiter la tension sur le réseau.
Une recommandation qui fait réagir certains acteurs du secteur de la recharge.
Pour éviter les pics de consommation, On plaide pour un mécanisme incitatif. « Sur le modèle heures pleines/heures creuses, on pourrait mettre en place un bonus-malus selon le moment où vous consommez. Vous allez payer plus cher lorsque le réseau est trop sollicité et moins cher lorsque la demande d’électricité est faible », explique-t-il.
« Par ailleurs, si on regarde nos courbes de charge, qui correspondent à une utilisation de bornes commerciales, hors domicile, sont atteints en dehors des moments identifiés par RTE. La plupart des conducteurs de voitures électriques qui viennent se charger sur les installations se branchent généralement entre 13 h 00 et 18 h 00, pendant leurs courses, donc en dehors des périodes de tension sur le réseau électrique ». Un constat qui amène à s’interroger sur l’efficacité d’une coupure des bornes lors des périodes identifiées par RTE.
Avec près de 70 000 points de charge ouverts au public (baromètre Avere de septembre), un chiffre en hausse de 50 % par rapport à l’année précédente, la France compte sur l’électrique pour parvenir à ses objectifs de décarbonation. Une politique qui pourrait être mise à mal par les tensions d’approvisionnement ?